Une chronique de Jean-Benoît Nadeau dans Le Devoir.

Quand je demande quelle est la meilleure langue pour faire des affaires, on me répond presque toujours l’anglais. Ce qui est ridicule. La meilleure langue pour brasser des affaires, ce devrait être… sa propre langue. Car c’est à travers sa langue maternelle qu’une personne normale s’exprime le mieux.

À défaut de faire affaire dans sa propre langue, la meilleure langue pour faire des affaires devrait être… celle du client ! Une évidence trop souvent oubliée. L’anglais peut être utile pour vendre une turbine à Kuujjuaq, mais celui qui baragouine l’inuktitut enfoncera la concurrence. Pour une raffinerie en Égypte, je recommande l’arabe. Pour la mine au Chili, l’espagnol est de première utilité.

Le nouveau PDG du Crédit Suisse est l'ivoirien Tidjane Thiam, qui parle français et allemand.  Source: Forum économique mondial

Tidjane Thiam, nouveau PDG du Crédit Suisse.
Source: Forum économique mondial

L’anglais est donc un expédient commode, mais il ne reste qu’un troisième choix souvent boiteux, puisque le gros de l’humanité ne le parle pas. « English is not enough [l’anglais ne suffit pas] », conclut même Bloomberg dans un article récent qui raconte les difficultés de la Deutsche Bank et du Crédit Suisse avec deux p.-d.g. qui ne parlaient pas allemand. La Deutsche Bank a trouvé un remplaçant British parlant l’allemand. Le Crédit Suisse a fait encore plus fort en dégotant un p.-d.g. ivoirien capable de s’exprimer en français et en allemand. Natürlich !

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