Par Jean-Benoît Nadeau & Julie Barlow
Pour fêter les 130 ans de l’Alliance française, le président François Hollande a reçu ses dirigeants à l’Élysée où il a discouru des mérites de cette organisation.
Le point qui a fait le plus parler dans la presse est bien le fait qu’il ait révélé que son grand-père instituteur lui faisait apprendre des pages du dictionnaire.
Pour touchante que soit l’anecdote, on peut la déplorer. Il est dommage que le président Hollande ait choisi d’illustrer son propos de telle sorte.
Malheureusement, cette anecdote est révélatrice d’une certaine pédagogie du français qui présente la langue écrite comme un monument de perfection. L’enseignement du français a trop longtemps souffert de cette idée fixe que la langue française était son orthographe ou son dictionnaire, que l’on enseignait à coup de dictées d’un français impossible où l’on diabolisait les erreurs en les moralisant au rang de « faute ». Le français, c’est bien davantage que son dictionnaire ou son orthographe. La langue est en constante evolution et sa forme actuelle résulte de la somme de toutes les erreurs commises par les générations précédentes.
Espérons seulement que les francophones reviendront de cette idée de la langue plus limitative qu’inspirante — et que le prochain locataire de l’Élysée choisira une meilleure anecdote pour le 140e anniversaire de l’Alliance française.