C’est une règle immuable : pas de Sommet de la Francophonie sans polémique. Celui qui se tiendra à Kinshasa du 12 au 14 octobre 2012 n’en sera pas exempt puisqu’il s’amorce avec deux controverses plutôt qu’une.
La principale tient aux carences démocratiques du pays hôte. Les observateurs internationaux ont beaucoup critiqué les manquements et les violences lors du scrutin de novembre 2011.
Cette situation contrevient aux orientations de l’Organisation Internationale de la Francophonie, qui fait depuis longtemps des efforts considérables pour renforcer la démocratie dans ses pays membres.
On se souviendra que le Sommet précédent, en 2010, devait avoir lieu à Madagascar, mais une grave crise politique avait forcé la Francophonie à le déplacer à Montreux, en Suisse.
Le président François Hollande s’est beaucoup fait prier avant d’accepter d’y venir.
Cela dit, il faut reconnaître que la République Démocratique du Congo, a fait du chemin depuis dix ans malgré les ratés.
Hors d’Europe, elle est par ailleurs le principal réservoir francophone avec l’Algérie, laquelle n’est pas membre de l’OIF.
L’autre controverse qui fait jaser dans les chancelleries tient à la décision du Gabon d’instituer l’anglais obligatoire au primaire.
Cette controverse s’explique essentiellement par une perception manichéenne qui voudrait que le français recule nécessairement parce que l’anglais progresse – un raisonnement étroit et faux.
Il est parfaitement légitime qu’un pays puisse vouloir introduire l’anglais langue étrangère dans l’enseignement à l’instar de la France qui fait de même. Cela ne signifie pas un recul.
D’ailleurs, à l’inverse, le Nigeria, pays anglophone, a introduit le français obligatoire, ce qui ne signifie nullement le recul de l’anglais.
Le cas gabonais est très différent de celui du Rwanda, qui a déclaré l’anglais langue officielle 2009. Au Gabon, le français demeure la langue officielle. À peine 1 % de la population rwandaise parle le français alors qu’au Gabon, 50 % de la population sait lire et écrire cette langue. Il faudrait quelques générations avant que l’anglais puisse déplacer le français – si tant est l’objectif.
C’est la première fois qu’un Sommet multilatéral est organisé en République Démocratique du Congo. Pendant plusieurs mois, le suspens a prévalu : il n’était pas certain que ce pays pourrait organiser un tel événement, ce qui explique que les délégations seront réduites au maximum : pendant plusieurs mois.
Les Sommets sont avant tout des ballets multilatéraux réunissant des chefs d’État et des diplomates. Parmi les avancées attendues dans le cadre du Sommet de Kinshasa, les pays membres sont censés s’entendre sur une politique explicite pour la promotion et la défense de la langue française, ce qui sera une première dans l’histoire de cet organisme.