Extrait du livre Le français, quelle histoire! (Chapitre 19)
En raison de leur nombre, les Canadiens français purent obtenir des Britanniques l’institution de leur propre parlement en 1791. Ils refirent le coup en 1867, au moment de la création du Canada. Ce fut une partie de bras de fer terrible : la Couronne britannique voulait unifier les cinq provinces – Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Édouard et Nouvelle-Écosse – en un seul pays autonome et unitaire. Au nombre d’un million, les Canadiens français ne composaient que le tiers de la population totale du Canada, mais ils constituaient une minorité de blocage. Les Canadiens français contrôlaient la plus riche province, le Québec, au centre géographique des cinq colonies. Sans le Québec, pas de Canada !
Les Canadiens français exigèrent donc – et obtinrent – que le Canada soit une fédération plutôt qu’un État central unitaire, ce qui leur garantirait certains droits. Pour la première fois depuis la fin du régime français, la nouvelle Constitution canadienne de 1867 donna un statut formel à la langue française. Elle rendait obligatoire l’usage du français et de l’anglais au Parlement et devant les tribunaux, à la fois au niveau fédéral et dans la province de Québec. Cette Constitution fut saluée comme une victoire politique et créa beaucoup d’espoir, mais les Canadiens français allaient passer les cent années suivantes à essayer d’amener le Canada anglais à respecter l’esprit et la lettre des accords conclus.