Le Droit

Par Adrien Cantin

S’il faut en croire les auteurs Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow, les bonshommes sept heures qui annoncent la disparition de la langue française en Amérique du Nord et ailleurs sur la planète, depuis quelques décennies, auraient intérêt à aller se faire voir ailleurs. Car selon eux, ce n’est pas pour demain.

Nadeau et Barlow, deux Montréalais (bien que le premier soit originaire de Sherbrooke et son associée, qui est aussi sa conjointe, de la région de Hamilton, en Ontario), viennent de publier une oeuvre de 496 pages racontant l’histoire du français “de Charlemagne au Cirque du Soleil”, The Story of French, et faisant un constat de la situation actuelle de cette langue dans le monde.

Le nombre de locuteurs du français a triplé au cours des 50 dernières années, pour atteindre 175 millions dans le monde, écrivaient-ils dans les pages d’opinion du Toronto Star à la sortie de leur livre. Le français occupe le 9e rang mondial des langues parlées et c’est la 4e en importance aux États-Unis où 1,5 million d’individus la parlent.

Cent millions de personnes à travers le monde étudient le français, indiquent les auteurs. C’est supérieur au nombre d’étudiants de l’espagnol, de l’arabe, et même du chinois. Ils précisent que la Fédération internationale des professeurs de français a 80 000 membres et qu’il y a dans le monde 2 millions de professeurs de français, dont 10 000 aux États-Unis.

Pour voir une langue en déclin, il faudra donc revenir. “Un des messages du livre est que le français est encore une langue internationale très importante”, indiquait Julie Barlow, dans une entrevue à Radio-Canada.

À l’Express de Toronto, Jean-Benoît Nadeau confiait : “Nous avons écrit ce livre en partant d’un simple constat qui dit que le français est en déclin, mais c’est faux. Nous avons voulu montrer le contraire. […] Pour nous, une langue ne se répand pas parce qu’elle est belle, mais parce que c’est une langue commerciale […]”.

Airbus, écrivaient ailleurs les auteurs, est le deuxième plus important fabriquant d’avions de ligne au monde. La deuxième plus importante société de génie de la planète est SNC Lavalin, à Montréal et le deuxième plus important distributeur de biens au monde, après Wal-Mart, est French Carrefour. Ce sont des sociétés où la principale langue de communication est le français.

En anglais

Pourquoi avoir choisi d’écrire ce livre en anglais ? Les auteurs répondent qu’il y a un intérêt marqué pour le français de la part des anglophones. Et puis, tout simplement, les éditeurs francophones n’ont pas répondu à l’appel.

L’oeuvre a en effet été coûteuse. Les auteurs ont visité une quinzaine de pays et leur recherche s’est étalée sur deux ans. En passant, ils se sont rendus à Sudbury, à l’automne de 2004, et consacrent les pages 327 et 328 de leur livre à ce qu’ils y ont constaté.

Ils relèvent, entre autres, les difficultés de la communauté francophone à faire hisser le drapeau franco-ontarien au mat de l’hôtel de ville de Sudbury et la timidité des francophones de cette ville à s’afficher comme tel alors qu’au pays les anglophones sont plus ouverts que jamais au fait français.

Le livre fait suite à plusieurs autres oeuvres des mêmes auteurs, dont Pas si fous, ces Français, une traduction de Sixty million Frenchmen can’t be wrong (2003) et Les Français aussi ont un accent (2002). Il est édité par Knopf Canada, de Toronto, et disponible sur Amazon. com.