Une chronique de Jean-Benoît Nadeau, dans Le Devoir.
Je repense souvent à Monaco quand j’écris cette chronique. En 1999, j’y avais passé quelques jours à l’occasion de la première Conférence des ministres de l’Économie de la Francophonie. C’était mon premier sommet à caractère diplomatique, et je dois bien admettre que je n’y comprenais rien. Comme il ne se passait apparemment rien, j’en ai profité pour avoir quelques longues conversations avec Bernard Landry et son vis-à-vis du Nouveau-Brunswick, Edmond Blanchard, mais aussi avec des fonctionnaires africains qui me faisaient part de leur réalité.
C’est à cette conférence que j’ai pris conscience que la francophonie est un espace réel, qui peut servir à autre chose que d’être un prétexte pour des sommets de chefs d’État. Si je retrace ce que j’ai pu écrire sur la langue française et les langues internationales, comme journaliste et comme auteur, bien des idées remontent à ces quelques jours « inutiles » à Monaco.
Vous me pardonnerez ce détour anecdotique, mais il illustre le mieux l’intérêt que présente le Forum économique de la Francophonie, qui tiendra sa deuxième édition à Paris le 27 octobre prochain — la première édition avait eu lieu à Dakar en décembre dernier. Bien des gens jugent inutiles ces grands « happenings », et c’est un fait que leur utilité est variable, mais ils servent tous, minimalement, à incuber des idées et à raccorder des réseaux — si bien qu’on ne peut en prévoir les retombées. (…)