Histoire d’une rencontre inhabituelle à Paris.

AP - Jacques Brinon

Une chronique de Jean-Benoît Nadeau parue chez MSN Actualités

Il s’appelle Mohammed, mais ça ne paraît presque pas. Sur sa carte, ça dit Moh, Moh Chelali.

J’ai fait sa connaissance à Paris à un truc très officiel, les États généraux de la promotion du français dans le monde, où j’étais invité comme conférencier la semaine dernière. Très Quai D’Orsay.

Moh enseigne en immersion française à Vancouver, c’est comme ça qu’il se présente. Rien de bien particulier: la conférence réunissait beaucoup de profs de français de Chicago à Macao, en passant par Oslo et Maracaibo.

Une histoire à raconter
Ne me demandez pas comment ça se fait, mais on s’est retrouvés à la même table à la gargote du coin, devant le pont de Mirabeau.

Moh a une histoire à raconter, c’est très clair dans ses yeux. Avec l’expérience, je repère les histoires avant même qu’elles soient dites. Parce qu’une histoire, ça veut toujours sortir.
Alors, il amène ça délicatement, le Moh, en tournant autour du pot. Il vient d’Algérie, il a deux enfants, son père était un grand brûlé, victime de torture pendant la guerre d’Algérie. Ingénieur pétrolier, il s’est découvert une vocation d’enseignant de français… Le hasard de la vie a fait que Moh s’est retrouvé sur les Champs Élysées un 14 juillet 2002. Il n’avait jamais vu le défilé.
«Remarque que, finalement, je ne l’ai pas vu non plus.»     Lire la suite »