Une chronique de Jean-Benoît Nadeau, dans Le Devoir.

Dévoilement du drapeau franco-ontarien à l'Université Laurentienne en 1975. ©Sudbury Star

Dévoilement du drapeau franco-ontarien, Université Laurentienne, 1975. ©Sudbury Star

Comme bien des Québécois, j’ai pris conscience sur le tard de l’existence des francophones des autres provinces. Dans mon cas, cela remonte à 2001, quand la législature ontarienne a hissé le drapeau franco-ontarien, devenu emblème officiel de la province. Cela m’a scié, d’autant que, je l’admets, j’en étais encore aux « cadavres encore chauds du fédéralisme » d’Yves Beauchemin, expression formulée en 1990 et qui a marqué toute une génération. (Comme j’étais en maternelle en 1969, la métaphore des dead ducks de René Lévesque n’avait pas produit sur moi une impression profonde.)

À la suite de cette nouvelle, j’avais interviewé le père du drapeau franco-ontarien, Gaétan Gervais. Ce professeur de l’Université Laurentienne à Sudbury m’a raconté l’histoire de ce Canada français qui a éclaté en 1969 en dix identités provinciales distinctes. Cette année-là, les francophones du Canada ont disparu du radar des Québécois. Carmen Campagne, Hart-Rouge, Gabrielle Roy, Daniel Lavoie, Antonine Maillet ? C’était de l’anecdote, de beaux vestiges.

Le rôle ambigu que le Québec a joué dans la cause des écoles francophones du Yukon tient au fait que bien des Québécois, même parmi les fédéralistes les plus acharnés, connaissent très mal le Canada, à commencer par le Canada francophone. Si bien que, jeudi dernier, lors d’une rencontre avec les représentants de la Fédération des communautés francophones et acadienne, le ministre Fournier s’est fait secouer le radar.

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