Une chronique de Jean-Benoît Nadeau dans Le Devoir.

Statut équestre de Guillaume le Conquérant, à Falaise, dans le Calvados. Photo: Viault CC

Statut équestre de Guillaume le Conquérant, à Falaise, dans le Calvados.
Photo: Viault CC

Je me suis beaucoup intéressé à l’enseignement du français au Canada anglais. Cet enseignement se porte mieux qu’on le croit, en général, même s’il se heurte à des résistances parfois déconcertantes, de nature idéologique.

D’abord, bien des Canadiens persistent à considérer le français comme une langue étrangère, au même titre que l’espagnol. Ce qui est absurde puisque le français a des racines locales parfois très solides et très anciennes. Mais il y en a que cela dérange.

Et puis, historiquement et linguistiquement parlant, le français n’est pas du tout étranger à l’anglais. L’anglais est non seulement la plus latine des langues germaniques, mais la plus française. Aucune autre langue n’a autant emprunté au français : plus de 80 000 mots ! Si vous ouvrez n’importe quelle page du dictionnaire Oxford, vous serez frappé de constater qu’une très large part du vocabulaire anglais de base est en fait du français emprunté à tous les âges.

Cela remonte à Guillaume le Conquérant, ce duc normand qui conquit la couronne en 1066, et à ses successeurs, qui l’ont conservée quelques siècles. Certains emprunts sont directs, quasi tels quels : allegiance, bacon, challenge, court, debt, esquire, estate, judge, merchant, parliament, remain.

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