Extrait du livre Le français, quelle histoire! (Chapitre 13)

« Vous êtes belge ? » Voilà une question qui est fréquemment posée à Jean-Benoît en France, surtout au sud de la Loire. Cette confusion dans l’oreille de certains Français s’explique par le fait que Belges et Québécois transforment certaines voyelles en diphtongues (ou voyelles prononcées en deux phases), et allongent d’autres voyelles. Les prononciations sont en fait assez différentes, mais des années de purisme linguistique ont émoussé les oreilles françaises. Le Belge typique ajoute un i après le son é : ainsi, aller sonne comme alleï. Dans des mots comme bière, il étire le e (bière). En règle générale, le Québécois étire le è et y colle une diphtongue, ce qui donne une prononciation qui ressemble à bi-a-air. Le Belge a également tendance à se différencier du Français en utilisant différemment les ressources de la langue, distinguant des mots qu’un Parisien prononce de la même façon, comme brun et brin, ou bout et boue

On peut cependant se poser bien des questions sur la nature même du soi-disant accent belge. D’abord parce que ses tournures linguistiques sont pratiquement les mêmes en France dans les régions du Nord. C’est donc un accident historique qu’une frontière divise ainsi une même zone linguistique. Le fameux accent belge, dont on se gausse largement en France, est plus souvent l’accent des Belges flamands qui apprennent le français en tant que deuxième langue, que celui de Belges francophones de naissance.