Extrait du livre Le français, quelle histoire! (Chapitre 14)
En 1849, un directeur d’école plein d’initiative, Pierre Larousse, publia la Lexicologie des écoles primaires, la première méthode complète d’enseignement de la grammaire et de l’orthographe françaises jamais publiée. Pédagogue remarquable, Larousse s’insurgeait contre la méthode courante, dite cacographique, qui consistait à demander à l’élève de choisir la bonne orthographe d’un mot parmi plusieurs variantes fautives. Sept ans plus tard, ayant fondé sa propre maison d’édition et sa librairie, il lança le Nouveau Dictionnaire de la langue française, dont la devise sera Je sème à tout vent. Même si l’Église mit ce dictionnaire à l’index, l’ouvrage se vendit à quatre millions d’exemplaires au cours des cinquante années suivantes.
Son succès s’explique par quelques nouveautés. D’abord, Larousse démocratisa la langue en renseignant ses lecteurs sur la prononciation des mots. Son système phonétique, primaire mais efficace, permet à tout lecteur d’accéder à la prononciation correcte. D’ailleurs, ce matériel fournit une riche documentation sur la prononciation de l’époque, alors qu’il n’existait pas de technologie d’enregistrement de la voix.
Autre nouveauté : l’introduction d’articles plus longs de type encyclopédique pour certains mots. Car Larousse avait réalisé qu’une simple définition en quelques mots est trop réductrice pour certains concepts populaires, comme les aérostats ou les trains. Il hésitera cependant beaucoup à introduire des images, une décision de ses successeurs. Larousse consacrera les quinze dernières années de sa courte vie à publier le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, une encyclopédie de 22 700 pages en 16 tomes.