Une chronique de Jean-Benoît Nadeau dans Le Devoir.

Xavier Darcos durant son discours d'entrée à l'Académie. Source: Académie française.

Xavier Darcos durant son discours d’entrée à l’Académie. Source: Académie française.

Dany Laferrière entrera jeudi à l’Académie française, soit 18 mois après son élection. Enfin ! Ce long délai, qui correspond au temps qu’il faut pour se faire tailler un habit vert, en dit long sur les carences proverbiales de cette institution. Que ce soit Dany Laferrière ou tout autre immortel, je ne comprends pas pourquoi la presse et le public y voient une « consécration », alors que l’Académie française est une supercherie.

En 2002, Louis-Bernard Robitaille avait publié un livre fascinant, Le salon des immortels, qui tentait de percer le mystère de l’Académie française : que fait-elle ? À quoi sert-elle ? Ayant moi-même étudié la question sous un autre angle, j’en suis venu à la même conclusion : l’Académie ne fait rien et ne sert à rien. Outre une petite séance de dictionnaire le jeudi, elle se réunit périodiquement pour entendre deux ou trois discours et décerner deux douzaines de prix secondaires. De temps à autre, on l’entend qui approuve les recommandations de la Commission générale de terminologie et de néologie.

La mission première de l’Académie est de constituer le dictionnaire de référence de la langue française, tâche dont elle s’acquitte avec une incompétence singulière. Depuis 1635, elle n’a produit que huit éditions et demie. La neuvième, elle y planche depuis 1935. Quatre-vingts ans plus tard, les pauvres en sont toujours à la lettre R. S’ils arrivent à « Zzz » avant le 400e en 2035, ce sera parce qu’il y a moins de mots entre S et Z qu’entre A et C.

Lire la suite…